Le décès
Nous savons que nous allons mourir. Et nous devons nous y préparer. Nous pleurons souvent en apprenant le décès d’un être cher. Nous pleurons pour exprimer notre mal être face à un phénomène qui semble détruire toute raison de vivre. Notre décès doit être le moins éprouvant possible pour nos proches. Souffrir en vain est un grand mal. Mourir dès lors est un bien. La mort n’est pas douloureuse pour celui qui part mais pour ceux qui restent. Beaucoup de gens qui apprennent l’imminence de leur mort, comme certains malades, changent radicalement leur façon de vivre. Ils décident de profiter pleinement du peu de temps qu’il leur reste et font tout ce qu’il leur plaît. Comme ils ont raison, pouvons-nous penser. Mais si nous réfléchissons correctement nous devrions nous demander pourquoi ils n’ont pas agi plus tôt de la sorte. En effet, ils savaient déjà que leur existence était limitée. Pourquoi donc attendre pour commencer à vivre pleinement ? Se pose ici une question essentielle : celle du sens que nous désirons donner à notre existence. Dès à présent, nous savons que nous devons mourir un jour. Quand précisément ? Nous l’ignorons. Mais nous avons conscience qu’il nous faut profiter de la vie, de cette merveilleuse opportunité qui nous est offerte, ici et maintenant. Si nous devons accepter notre mort et celle de nos proches, ce doit être pour mieux vivre notre vie. N’ayons donc pas peur de mourir et nous n’aurons plus peur de vivre. Il n’est de meilleur moment que l’instant présent. Nous pouvons néanmoins prolonger artificiellement notre vie. Rien ne nous empêchera bientôt de vivre cent ans... tant que nous vivons en bonne santé ! La suppression du vieillissement ne signifiera pas pour autant l’éternité. Tôt ou tard nous devrons faire face à notre mort. En effet, même si nous parvenions à contrôler le phénomène de la vieillesse, jamais nous ne pourrons empêcher la fin de notre monde. Nous savons qu’un jour, notre monde lui-même disparaîtra, car lui non plus n’est pas éternel.
Le séjour
Il est naturel de naître, vivre et mourir. Notre présence sur terre n’est qu’un séjour. Il nous appartient d’en profiter pleinement et enseigner aux autres comment en profiter. Au cours de ce séjour, il nous est offert de nous épanouir. Et nous pouvons nous lier d’amitié. Mais nous devons aussi apprendre à voir nos meilleurs amis nous quitter. Et au moment de notre décès, c’est à notre tour de rejoindre ceux qui nous ont précédés. Dans la nature, tout change en permanence. Tout... sauf le fait que tout change. La vie et la mort sont liées. Elles participent à l’incessant renouvellement du monde. N’ayez pas peur de la mort. Vivez et mourrez sans crainte. N’interprétons pas notre mort comme une dégradation ou une fin mais comme une sublimation et un passage vers une autre forme d’existence.
Les funérailles
Notre planète est la terre des vivants. Il convient de ne pas s’attrister sur les dépouilles, car nos êtres chers sont des êtres vivants et non des corps sans vie. Les dépouilles sans vie ne sont pas les mêmes personnes que nous aimions. Elles sont des enveloppes vides, en quelque sorte des vêtements délaissés. Les dépouilles sont simplement comme des vêtements abandonnés. C’est ainsi que nous devons les considérer. Celles-ci ne doivent pas nous inspirer de la peine. Comprenons que ceux que nous aimons n’habitent plus ces dépouilles. Ils s’en sont allés. Ils sont déjà partis. Ainsi la mort n’est plus conçue comme une dégradation du corps, mais plutôt comme une sublimation de l’être. Une part des défunts survit à travers nous, à travers nos souvenirs, nos pensées. Cette planète est faite pour les vivants et non pour les morts. Il ne faut donc pas de sépulture. Même si une dépouille n’occupe que quelques mètres carrés de terre, chaque parcelle de terre doit être consacrée à la vie. Chaque mètre carré de terre doit être utilisé pour y établir des réserves naturelles, des champs, des cultures, des habitations, des jardins… Les tombes figent la mort des individus. Elles restent tournées vers le passé, alors que la vie continue. Il ne faut donc pas dépenser des biens et des ressources naturelles pour les morts : pas de sépulture, de caveau ou de monument quelconque. Dans certaines régions du monde (comme le Ghana en Afrique), la mort est une fête grandiose, un hommage au défunt c’est-à-dire à celui qui a accompli sa vie. Un artisan sculpte des cercueils originaux qui ne sont pas de banals cercueils rectangulaires mais de véritables œuvres d’art, sculptures hautes en couleurs inspirées par la vie et les goûts du défunt. Par exemple, un pêcheur est a un cercueil en forme de poisson ou de pirogue. Faire des cercueils plus colorés est une bonne chose. Mais il ne faut pas dépenser une fortune pour acheter ces cercueils. Il ne faut pas culpabiliser. Ne croyons pas que dépenser beaucoup d’argent pour un enterrement est la seule façon de témoigner son respect envers le défunt. Il est plus sage d’utiliser l’argent pour veiller au bonheur des vivants.
Le feu purificateur
L’incinération évite les profanations et les inconvénients de toutes sortes liés à l’inhumation. Elle offre à ceux qui choisissent cette pratique, la garantie que la dépouille ne sera pas victime de dégradation ou de profanation dans l’avenir. De plus cette pratique permet de lutter contre la contamination de la terre, de l’air et de l’eau par le phénomène de putréfaction. Elle permet de quitter la vie proprement en gardant une terre pure. La désintégration du corps est la pratique la plus naturelle car dans la nature les dépouilles sont vouées à disparaître et à rejoindre le cycle de la vie. Il convient donc de se faire incinérer et de faire disperser ses cendres. Il convient aussi, chaque fois que c’est possible, de faire incinérer ses ancêtres et confier leurs cendres à la Nature. Selon la cérémonie la plus sobre et la mieux adaptée aux circonstances, la dépouille ne doit pas faire l’objet de dévotions. Les gens pieux savent en effet que le corps mort n’est plus la personne qu’ils connaissent. Ce n’en est que la dépouille, littéralement l’enveloppe vide, le vêtement délaissé. La cérémonie est donc d’abord un accompagnement des proches du défunt. Cette cérémonie ne requiert pas de représentant religieux. Elle n’est pas un culte rendu au mort ni à sa dépouille, puisque par définition le mort n’est plus là. La dépouille n’a pas besoin de bijou. Elle est placée simplement dans un linceul qui peut être semblable à une housse. La dépouille est ensuite disposée dans un cercueil ou plutôt une capsule. Le terme cercueil n’est pas adapté, car il dérive du mot sarcophage qui désigne un coffre en pierre. Or les cercueils sont pour la plupart en bois. Le terme de capsule est ainsi plus adapté. La capsule doit être la plus simple possible. Elle ne doit pas être faite avec des matières précieuses. La cérémonie se déroule sans musique pour respecter ce moment de recueillement. Les personnes peuvent se lever, se saluer les unes les autres et se parler à voix basse. Ce moment ne doit pas être propice à la tristesse ou à l’apitoiement mais au réconfort et à la paix. Le maître de cérémonie porte les cendres prêtes à être dispersées par le vent en pleine nature, dans un jardin, un endroit désert, une étendue d’eau ou mises directement en terre.
Un jardin plein de fleurs
Selon la volonté du défunt ou le désir de la famille, les cendres peuvent être confiées aux proches et inhumées dans leur jardin personnel ou dans un lieu spécifique. Certains veulent en effet que leurs cendres soient jetées en mer. D’autres souhaitent qu’elles soient dispersées dans la campagne. D’autres encore qu’elles soient inhumées en forêt. Si nul ne fait le souhait de faire disperser les cendres dans un lieu spécifique, il est possible de disperser les cendres dans le jardin du souvenir. Les cendres ne doivent pas être enfermées dans une urne. Elles ne doivent pas non plus être enterrées sous une pierre tombale. Mais elles doivent être rendues à la Nature. Elles retournent ainsi directement à la terre. Les cendres sont dispersées ou inhumées selon la saison et les circonstances. Il convient de n’apporter ni fleurs ni couronnes. En effet, ces objets accentuent le plus souvent le caractère triste de la cérémonie. La présence des amis suffit en elle-même à témoigner de la sympathie envers la personne disparue et envers ses proches. Il est ainsi préférable de n’organiser aucune collecte d’argent pour acheter des fleurs ou un quelconque objet funéraire. Toutefois, une collecte peut être exceptionnellement organisée si la famille du défunt est dans le besoin. Cette collecte doit alors permettre de couvrir les dépenses relatives à l’incinération. Il est souhaitable d’encourager chacun à réfléchir à sa propre mort et prendre ainsi à l’avance ses dispositions. Il convient de prévoir les dépenses relatives à son décès afin de ne pas être une charge pour ses proches. Le crématorium et son jardin doivent être de préférence situés sur une colline arborée et fleurie. Il est important de ne pas en faire un endroit triste. Il faut au contraire en faire un lieu beau et paisible. Ce jardin ne doit comporter aucune construction à l’exception du crématorium qui doit rester un bâtiment de plein pied et de taille modeste. Il peut être situé n’importe où dans le jardin. Il n’y a pas de pierre tombale, de monument particulier, de statue ou de fontaine en pierres taillées. Toutes les personnes qui le souhaitent, quelles que soient leurs convictions, peuvent faire disperser leurs cendres dans le jardin du crématorium. Il est important en ce sens qu’il n’y ait pas d’endroit réservé à telle ou telle tradition religieuse. Au contraire, les cendres des uns et des autres doivent être indistinctement inhumées dans tout le jardin. Les personnes peuvent également faire disperser dans le jardin les cendres de leurs animaux de compagnie. Elles peuvent les faire inhumer au même endroit où elles aussi désirent faire inhumer leurs propres cendres.